Femmes du monde : un réseau d’entrepreneures solidaires
Extrait d’un message déposé par Ethel Côté, référante en ESS au sein de Quartier du Monde
L’Association Quartiers du Monde, des groupes des femmes, des associations locales et des consultant-e-s référant-e-s thématiques aux suds et aux nords construisent ensemble un projet pour objectifs d’améliorer leur qualité de vie « Femmes du Monde : un réseau de protagonistes solidaires ». Ce projet se réalise en réseau avec des femmes habitantes de quartiers populaires des villes en Afrique (Mali, Maroc et Sénégal), en Amérique Latine (Bolivie, Brésil et Colombie) et en Europe (France et Belgique)
FDM : un réseau d’entrepreneures sociales et solidaires a deux axes principales de travail: l’Economie Sociale et Solidaire et la Perspective de genre, son défi est d’intégrer les deux axes et de transformer les activités économiques des femmes en entreprises sociale et solidaire avec perspective de genre, viables et reconnues dans leur environnement..
Les volets du projet :
i) un volet de formation (locale et internationale) sur des techniques pour améliorer la production, sur commercialisation et la gestion de ressources, et la formation au leadership des femmes,
ii) des ateliers/actions sur le terrain avec les groupes des femmes et un travail de genre avec les hommes de l’entourage des femmes,
iii) la consolidation des réseaux locaux de protection prévention et promotion des femmes, la participation aux réseaux nationaux et internationaux d’ESS,
iv) l’accompagnement international du réseau.
Enjeux du projet
1er : les femmes, les entités qui les accompagnent et les bailleurs qui les soutiennent, prennent conscience que pour la construction d’une activité économique viable avec des femmes, il est important d’élargir le concept de « capitaux/actifs » des femmes à un domaine qui dépasse l’aspect financier, afin d’estimer et comprendre les autres limites et potentiels que les femmes possèdent pour atteindre leurs objectifs.
…« c’est un outil (l’évaluation des actifs/passifs) très riche et très expressif tant pour nous facilitatrices que pour les femmes. L’évaluation a permis à chaque femme de connaître ses compétences et ses limites. ça leur a permis de cerner et de cadrer certains paramètres sociaux économiques ou organisationnels qu’elles ne prenaient pas en compte ou qu’elles ne jugeaient pas importants et qui sont nécessaires pour participer pleinement aux activités du groupe et partir sur des bases solides pour avoir un groupe homogène et dynamique »…Oumy, facilitatrice de Pikine –Sénégal, Forum virtuel du 19/04/13
2ème : Articuler les différents groupes de femmes du territoire qui ont des activités économiques, afin d’être dans la recherche de complémentarité et d’articulation pour faire face de façon organisée à des demandes plus importantes, sans se perdre dans la concurrence. Explorer des possibles échanges de services et construire des alliances stratégiques avec d’autres groupes de femmes sans investir de l’argent… une sorte de « Banque de temps ».
… « Il existe aujourd’hui comme une certaine compétition entre les associations de femmes, elles produisent pratiquement les mêmes choses, les prix des produits baissent et pratiquement aucune femme ne développe de réels revenus »…Saida et Laure, facilitatrices de Ouarzazate, Maroc Forum virtuel du 19/04/13
3ème : Obtenir le soutien des hommes de l’entourage, jusqu’à maintenant identifiés par les femmes de tous les groupes comme étant des acteurs résistants à tout changement parce qu’ils considèrent perdre du pouvoir au sein du foyer, et pourtant, incontournables pour la réussite de leur activités.
Un enjeu particulier au Maroc : la création d’une incubatrice des entrepreneuses sociales et solidaires avec perspective de genre destinée aux femmes habitantes des quartiers populaires et des zones rurales.
L’enjeu global de ce projet est de réussir la transformation des activités économiques viables des femmes vers des entreprises sociales et solidaires avec une perspective de genre. Il a été constaté, depuis les premiers diagnostics que, bien que l’accès des femmes à l’autonomie économique soit une avancée quant à leurs conditions et le début de la négociation au foyer, c’est leur progrès en matière d’autonomie physique, sociale et politique qui donne aux femmes une réelle capacité de décision et de changement dans leur cadre de vie.
Au Québec, en France, au Mali, …. des Lois sur l’ESS s’élaborent sont mises en fore.
PROPOSITION …. IL NOUS FAUT DES LOIS EN ESS AVEC PERSPECTIVE GENRE!
…Les valeurs de l’ESS rejoignent ceux des féministes, ce n’est pas une coïncidence, car les féministes du monde entier ont joué un rôle important dans l’élaboration de l’environnement social qui a donné naissance aux valeurs, pratiques et institutions de l’économie solidaire. De plus, une grande majorité des personnes actives au sein de l’économie solidaire dans le monde sont des femmes (Côté, Angullo) qui ont été marginalisées par le système économique capitaliste dominant et qui apportent leur sensibilité et leurs perspectives féminines à ce nouveau projet. Julie Matthaei, Conférence de l’Association internationale de l’économie féministe, juin 2009
Certains États ont légiféré sur l’ESS, d’autres sont sur le point de l’inclure dans la Loi. Plusieurs réseaux internationaux sont actifs dans tous les pays du réseau et appuient les États dans l’élaboration des stratégies pour intégrer l’ESS dans les plans de développements nationaux. REMESS, RENAPESS, REDESS, RIPESS. Le projet mentionné ci-haut est donc en cohérence avec les législations. Très peu de cadre légal font référence aux femmes et encore moins à la perspective de genre.
Quartiers du monde et son réseau Femmes du Monde propose d’intégrer les propositions et réflexions suivantes dans les projets de lois d’ESS
L’emploi et l’ESS
Les emplois créés au sein de l’ESS sont occupées en majorité par les femmes et malgré cela elles sont moins représentées dans les postes à fortes responsabilités et occupent plus d’emplois à temps partiel que les hommes.
Les inégalités salariales bien que moins fortes dans l’ESS, les écarts de rémunération entre hommes et femmes à poste et conditions d’emploi équivalents persistent : 8% dans l’ESS, 13% dans le reste du privé. Ces inégalités se creusent de manière importante au sein des coopératives (15%) et des mutuelles (25%), alors qu’ils ont tendance à être plus réduits dans les associations (6%). (Source : CNCRES)
Nos propositions à intégrer dans les législations et les politiques publiques d’économie sociale et solidaire
- Veiller à que le document de loi / politique publique soit écrit aussi au féminin, car l’écriture masculine peut faciliter la lecture certes, toutefois exclue les femmes du document.
- Dans le 3ème principe de l’ESS du RIPESS: « Le bénéfice pour toutes et pour tous comme finalité » il est important d’intégrer le besoins différenciés des femmes et des hommes au cœur de la décision économique.
- Une gouvernance démocratique, qui tient en compte du nombre des femmes et des hommes afin de construire une représentativité, doit refléter sa composition, et/ou garder la parité et l’égalité de genre dans la nomination des postes à haute responsabilité,
- L’intérêt général de l’entreprise sociale et solidaire doit être construit à partir de l’évaluation des actifs/passifs personnels de chacun-e des participant-e-s à l’entreprise
- Les projets de loi et de politiques publiques doivent contribuer à franchir une nouvelle étape dans le développement de l’économie sociale et solidaire, à contribuer à la construction de l’égalité entre les femmes et les hommes avec des politiques (impôts, gestion, …) différentes
- Afin de rester attentives à l’évolution de l’égalité de genre dans ce secteur, il est important que les informations produites dans le cadre de l’ESS soit construites de manière sexo-spécifique.
- L’ESS a montré une capacité d’adaptation aux évolutions économiques et génère des innovations; Malgré les injustices de genre signalées, des mécanismes doivent être trouvés pour que le développement de l’entreprise permette de continuer avec le principe de gestion démocratique et permette une viabilité à long terme.
Lors de la dernière rencontre de la globalisation de la solidarité organisé par le RIPESS aux Philippines, notre référante en économie sociale et solidaire, Ethel Côté, en a parlé et un caucus femmes s’est aussi créé afin de proposer une déclaration.
Pour de plus amples renseignements sur ce sujet, Ethel Côté: (613) 4474437
Ou Quartier du Monde http://www.quartiersdumonde.org