Matthieu et Jonas ont décidé d’agir dans l’entrepreneuriat social et se sont accordé deux années de césure afin de découvrir d’autres façons d’entreprendre. Ils ont donc effectué des missions aux Philippines, en Inde et au Sénégal.

Toutes ces expériences leur ont permis de rencontrer des entrepreneurs sociaux dont les actions changent la vie des plus démunis. Ainsi ils ont pu rencontrer et échanger avec Antonio Meleto, un entrepreneur social fondateur de l’ONG Philippine « Gawad Kalinga » et ancien cadre dirigeant chez Procter & Gamble. Cet entrepreneur se consacre à la lutte contre la pauvreté aux Philippines, il a vécu 6 mois dans un bidonville de Manille et a mis en place des communautés villageoises solidaires. Plus de 3000 villages ont pu être construits en moins de dix ans, profitant à près de 20 millions de personnes. Tout cela est parti d’un constat : la nécessaire autonomisation de tous ces villages.

Lors de la rencontre du 8 juillet, Jonas et Matthieu ont également évoqué l’exemple de Bagoré Bathily, 28 ans, entrepreneur social et fondateur de la Laiterie du Berger au Sénégal. Né d’une mère française et d’un père sénégalais, Bagoré est vétérinaire et a étudié en France. Il travaille en Mauritanie pour une ONG et rejoint le Sénégal où il constate une situation aberrante : « Ce pays importe 90% du lait consommé sous forme de lait en poudre, alors que 30% de la population sénégalaise (soit 4 millions de personnes) vit exclusivement d’élevage ». Bagoré décide donc de créer une filière locale au Sénégal, qui propose des produits à base de lait collecté localement et permet ainsi l’amélioration des conditions de vie des éleveurs. Elle vend ses premiers produits laitiers, essentiellement des yaourts, auprès des consommateurs aisés de Dakar. Malgré des débuts difficiles, le projet est aujourd’hui un réel succès, Bagoré vend environ sept tonnes de produits chaque jour, qui sont distribués dans près de 8000 points de vente au Sénégal.

Les questions à se poser avant de se lancer en ESS

Ces deux initiatives qui ont particulièrement touché Matthieu et Jonas, symbolisent particulièrement bien les enjeux de l’entrepreneuriat social et solidaire dans le monde. Ces différents témoignages permettent donc de mieux cerner les problématiques auxquelles sont confrontés les jeunes qui veulent porter des projets vecteurs de changement social. Dans ce livre, les auteurs tentent donc de donner quelques pistes, sur par exemple, les questions à se poser avant de se lancer dans l’économie sociale et solidaire :

• Avant d’essayer de changer les choses, faut-il commencer par faire ses armes dans l’économie classique ?
• Comment avoir le plus d’impact ? En tentant de changer les choses de l’intérieur d’une grande structure ou en se lançant comme entrepreneur ?
• Peut-on vraiment avoir une action utile en étant jeune ?
• Où faut-il agir ? Chez soi, où la précarité augmente, ou à l’autre bout du monde, où les besoins semblent plus importants ?

A travers cet ouvrage, Jonas et Matthieu ne prétendent pas donner de réponses et solutions définitives mais simplement des éléments de réponse, qui peuvent inspirer les jeunes dans la création de projets d’entrepreneuriat social.

Et à leur retour ?

Le voyage de Jonas et Matthieu leur ont fait réfléchir sur leur approche de l’entrepreneuriat social. Tous deux ont décidé de poursuivre l’aventure en France en s’investissant dans l’économie sociale et solidaire. Depuis son retour, Jonas travaille chez Paris Initiative Entreprise et accompagne entrepreneurs classiques et entrepreneurs à vocation sociale. Matthieu Dardaillon a quant à lui lancé Ticket for change pour susciter des vocations d’entrepreneurs sociaux auprès des jeunes.